L E O F A N Z I N E O Q U I O M E T O L A O C U L T U R E O E N O S A C H E T S

25.1.13

Le thérémine pour les nuls

Deux antennes et des mains qui s'agitent dans l'air en produisant un "wouhwouh" de fantôme dépressif - voilà en gros ce qui résumait le mieux le thérémine à mes yeux. Du moins, jusqu'au week-end dernier où, au festival N/O/D/E, j'ai eu l'occasion de tester la chose. Pour la première fois de ma vie, j'ai "joué" (bien grand mot) de l'instrument en participant à un cours spécial nuls et je vous le dit direct: grosse révélation. Non seulement, le thérémine est cocasse à voir et à entendre, mais en plus c'est trop fun à pratiquer (même si c'est vachement difficile). C'est même tellement bien que je vais tâcher de partager ce savoir fraichement acquis avec vous. En rang, que la leçon commence!

"Instrument intangible"
Avant de commencer à transpirer, apprenons tout d'abord ce que c'est, en fait, le thérémine. Inventé il y a près d'un siècle, au milieu d'une Russie fraichement révolutionnée, l'instrument est un des premiers "objet-musical-électronique" au monde. Créé par un certain Lev Sergueïevitch Termen, qui a été désigné par Staline comme ambassadeur de la "nouvelle technologie soviétique", le machin est constitué en gros d'un oscillateur et de deux antennes. L'une droite et verticale, l'autre en forme de boucle et horizontale. "Manié", si l'on peut dire, par un musicien qui agite les bras dans le vide, l'instrument produit des sons à mi chemin entre la scie musicale et la voix humaine et évoque aujourd'hui pas mal la sci-fi des années 80. "Gadget électro-rétro-futuriste-cool" on pourrait dire. Même si ouais non en fait c'est pas un jouet mais un instrument très sérieux. Exemplification avec l'inventeur en personne:
Le pire, c'est que vu comme ça, ça a l'air tout simple. Mais en fait NON, PAS DU TOUT. C'est même grave galère à jouer parce qu'il faut être ultra concentré et précis (à tel point que ça m'a fichu des crampes). Heureusement, Thierry Frenkel, mandaté par les organisateurs du N/O/D/E était plutôt compréhensif. Lui même a découvert l'instrument de façon trop mignonne comme le relate son site: par une nuit d'insomnie, en tuant le temps sur youtube, il est tombé sur une oeuvre comportant des sons étranges, qu'il n'avait encore jamais entendu avant. Intrigué, il commence des recherches et quelques semaines plus tard, il possède déjà deux thérémines. Sa soudaine passion l'a finalement amené à être un des techniciens ès thérémines les plus réputés qui soient (et Dieu sait si ces bêtes là sont rares)! Trop sympa, Thierry le théréministe nous a gentiment enseigné les bases comme suit :



Le thérémine pour les nuls
Première constatation au premier démarrage de l'instrument: le moindre mouvement fait un max de bruit. Pour éviter l'assourdissement instantané, on nous a donc rapidement appris à positionner la main gauche deux centimètres au dessus de l'antenne gauche (Figure 1), histoire de museler le thérémine en attendant de trouver la position "décontractée mais pas trop" suggérée par le prof. En gros ça consiste à se tenir bien droit à une distance d'un bras de l'antenne verticale droite.
Seuls les bras sont mobiles lorsque l'on joue, et il est bien évidemment conseillé d'être détendu. Bien bien, occupons nous maintenant des mouvements des mains:

- La main droite interagit avec l'antenne droite (verticale) et règle la hauteur des notes. Dans la continuité du point précédent, on constate assez vite que le moindre petit mouvement fait significativement varier la note. On a beau s'efforcer de tenir les doigts en un "o" immobile (Figure 2), quelque part à mi chemin entre l'épaule et l'antenne, au début, ça bouge tout le temps. Faites genre que vous jouez sur une corde invisible et inconsistante (super conseil du prof), vous m'en direz des nouvelles.
Une fois qu'on gère la note constante. On peut s'appliquer à faire une octave en ouvrant la main. Apparemment il existe un principe de notation de position de la main que je n'ai pas vraiment pigé (elles se ressemblaient toutes). Toujours est-il qu'en dépliant les doigts tout en amorçant un mouvement du poignet, on peut jouer toutes les notes de, disons, do à do, sans bouger le bras (Figure 3).
- La main gauche pendant ce temps, est chargée de régler l'intensité et le volume des sons. Comme si ça n'était déjà pas assez galère, il faut la coordonner avec la main droite. Le principe c'est qu'il y a un point (invisible et immatériel) où on commence à avoir du son. Il faut le trouver et le caresser, un peu comme un gros clito. Et à partir de là, on pourra monter et descendre la main dans un mouvement ample, comme une vague, pour augmenter ou baisser le volume (Figure 4).
Wouuuuuhhhouuuuu la leçon est terminée, merci de votre attention et à bientôt!