L E O F A N Z I N E O Q U I O M E T O L A O C U L T U R E O E N O S A C H E T S

4.7.12

Un homme en salopette, c'est sexy




Et une année de plus. Encore un premier week-end de juillet passé à Belfort, comme un rituel. Une habitude de petites vieilles qui aiment à se dire qu'elles sont sures de se retrouver au moins une fois par an au même endroit. La programmation importe peu, les Eurockéennes se suffisent à elles-mêmes tant elles nous rappellent de bons souvenirs et promettent de nouveaux grands moments. Même notre tendance latente à devenir de plus en plus exigeantes/reloues musicalement ne peut rien contre ce rendez-vous évident. Alors voilà, c'était nos cinquièmes Eurocks. Ça nous a fait prendre un sacré coup de vieux, de réaliser ça. Maintenant, nous ne sommes plus du tout les plus jeunes, d'autres lycéens nous ont remplacées. Les Eurockéennes n'ont plus de secret pour nous, mais arrivent quand même à nous offrir de la surprise malgré une affiche pas si alléchante. Retour sur un week-end de canicule et de tempête, de brumisateur et de poncho de secours, de country-metal et de rap.

LES EUROCKÉENNES 2012
VENDREDI

A croire que le festival a lu notre article bilan de l'année dernière et pris en compte nos remarques pour rédiger leur nouveau cahier des charges. La programmation était meilleure qu'en 2011, ils ont remis une minuscule scène house (où on n'a pas été de tout le week-end, mais c'est un détail) et surtout, ont rouvert le camping dès le jeudi. On ne dira jamais assez à quel point c'est pratique d'arriver un soir avant, ne serait-ce que pour boire des bières avec ses voisins de tente, et surtout, pour arriver à l'heure aux concerts le premier jour du festival.


C'est ainsi que vendredi, nous étions en plein cagnard et à un horaire pourrave devant la scène de la Greenroom (aka feu le chapiteau) pour Hanni El Khatib, qu'on avait lamentablement raté aux Transmusicales passées. L'Américain a des tatouages, des cheveux gominés et une voix sensuelle, ne vous étonnez donc pas si une fille dit qu'elle a a-do-ré le concert alors que vous, vous avez trouvé ça plutôt bof et pas assez énergique et spontané. C'est juste que vous êtes un garçon hétérosexuel, cherchez pas. Quand les hormones se taisent un peu, on doit avouer que c'était pas forcément facile de rentrer dans le truc, mais que "Dead You Rascal You" et la reprise de "Human Fly" étaient bien chouettes.

Le vrai premier bon concert était sur la plage juste après, c'était du country-metal. Si vous ne comprenez pas ce qu'il se passe dans la tête d'une personne pour avoir l'idée de faire un mélange aussi improbable de genres, vous saisissez davantage l'idée quand vous savez qu'il s'agit d'Hank William III, le fils de Hank William Jr et le petit-fils d'Hank William Sr, qui a fait du métal dans sa jeunesse avant de se faire rattraper par les discographies de papa et pépé. Bon, le résultat est un grand n'importe quoi, mais c'est totalement rafraîchissant. On alterne head banging et danse neu-neu en moins de deux. Les musiciens qui accompagnent le bonhomme au chapeau de pêcheur manient à merveille leur banjo, pedal steel, violon ou contrebasse. On avouera même avoir un sacré crush pour le contrebassiste barbu en salopette. Sexy redneck. Malheureusement, le mélange country et métal n'était pas présent dans toutes les chansons, et le concert perdait donc son intérêt principal.



On apprendra par la suite à nos dépens que c'était quand même le meilleur mélange de genres que l'on pouvait trouver sur le site ce jour. Parce qu'Amadou et Mariam, eux, ont sacrément foiré leur truc. Déjà, ils n'ont pas joué "C'est dimanche à Bamako", ce qui est aussi scandaleux qu'un Bruce Springsteen oubliant de mettre "Born In The USA" dans sa setlist, et pas de "Sabali" non plus, alors que ce morceau est tellement inécoutable qu'il en est génial. Mariam avait beau s'être faite toute jolie et avoir profité du service coiffure du festival, ça ne pouvait pas compenser notre frustration. En special guest, il devait y avoir Ebony Bones, mais elle n'est pas venue, tant mieux, je l'aime pas, elle crie trop. Par contre, Bertrand Cantat était bien là, et il a éclipsé les aveugles d'un coup. On ne sait pas ce qu'il foutait là, il faisait vraiment tâche à chanter des bouts de paroles en français du genre "L'Afrique est un berceau, son cœur est palpitant". C'était aussi utile qu'Amadou lançant au public "L'argent, c'est bien ou c'est pas bien ?" ou Mariam qui lançait des "Ça va bien ?" a des moments complètement inopportuns, comme si elle était pétée. Et puis on s'en foutait, on ne connaissait pas leurs autres morceaux. Bref, on s'est bien fait enculer. Je vais le dire à Ansar Dine.


Ensuite, on a laissé tomber notre dignité pour aller voir un groupe qu'on aurait trop aimé voir quand on était au collège et qu'on n'avait pas le droit de sortir après seize heures, Dionysos. Ouais. Et même que c'était pas du tout de la merde. Ils ont joué pas mal de vieux morceaux, et c'est vrai qu'ils sont très bons en live. Ils ont l'air tout excités à l'idée de jouer sur la grande scène, comme si c'était encore un jeune petit groupe, et c'est appréciable. On dira ce qu'on voudra sur leur musique et la voix à briser les verres de la chanteuse, Dionysos est un groupe respectable. De là à regretter d'avoir vendu mon CD de Monsters In Love au vide grenier de Bécon les Granits, il y a un pas.

Mais le revival fin de collège ne s'arrêtait pas là puisqu'ensuite on a filé à la Greenroom pour les Kooks. Un peu en traînant des pieds, parce que c'était chiant et même pas marrant à Rock en Seine en 2010. Là, allez savoir pourquoi, l'heure plutôt tardive peut être, une atmosphère plus détendue qu'au vilain festival parisien, une meilleure prestation peut être même, en tout cas, c'était bien mieux. On ne connait toujours pas les morceaux du deuxième et troisième album et on s'en moque puisqu'ils n'ont pas l'air terrible, mais cela faisait bien plaisir de refaire sa crise d'adolescence et d'entendre "Ooh La", "She Moves In Her Own Way" ou encore "Seaside" en live. Même pas honte. La vie était plus simple quand on avait quinze ans. Au fait, pour les anciennes groupies, Luke Pritchard n'est toujours pas beau, et il avait un pantalon dégueulasse imitation serpent.

Les Eurockéennes ne seraient rien sans la barquette de tartiflette en guise de dîner. On s'est assises sur la plage, et la saveur du met franc-comtois nous a tellement absorbées qu'on a passé une heure et demie devant The Mars Volta et on n'a rien remarqué. Rien, mais alors rien à dire sur la prestation. Ah si, le son était vraiment pourri sur les scènes de la plage et de la Greenroom cette année, on n'entendait qu'un brouhaha. A moins que ce ne soit normal. En tout cas, on n'a pas eu le courage d'attendre une grosse heure à rien faire avant Factory Floor, et c'est un peu dommage vu qu'on les avait lamentablement (encore) ratés aux Transmusicales. Mauvais karma.