L E O F A N Z I N E O Q U I O M E T O L A O C U L T U R E O E N O S A C H E T S

21.7.12

[GUEST 5] Guide de survie pour travailler en festival

[Guest: Fanny]


Beaucoup de gens pensent que s’occuper des artistes en festival est un job de glandu qui consiste à picoler avec eux, remettre du PQ dans les toilettes et baiser dans les loges. Bien qu’en partie vrai, on oublie souvent que pénétrer dans l’intimité des artistes, c’est aussi devoir supporter les gens les plus égocentriques de la terre. 
Histoire de vous briefer si vous songez vous aussi à vous engager dans cette magnifique aventure qu’est le bénévolat en festival et pour que vous puissiez sereinement appréhender tous les obstacles qui pourraient nuire à cette semaine d’apéro, je vous ai fait un petit guide, composé d’un échantillon de gens susceptibles de croiser votre route. 

Le binôme : Votre binôme de travail peut se révéler votre meilleur ami comme le pire boulet de la terre. Penser que les gens qui bossent dans les festivals sont tous cools et compétents est aussi naïf que penser que les gens qui bossent dans la musique aiment tous la musique. Entre celui qui habite la région et va répéter inlassablement que "c’est honteux de ne pas être payé" et celui qui vient pour pouvoir prendre une photo avec Lana Del Rey, vous n’êtes pas au bout de vos peines. Mais le pire reste celui qui va te laisser lamentablement tomber, et partir toute une soirée sans te laisser la possibilité d’aller faire des choses élémentaires comme pisser, aller voir tes potes ou un concert que tu attendais. Oui Geoffrey, je parle de toi. 

L’artiste monumentalement casse-couille : Vous savez ces fans qui vous disent que telle star est vraiment restée humble malgré le succès ? Ce sont des grosses conneries. Dans 90% des cas, l’artiste le plus célèbre du festival est souvent également le plus chiant. Ne crachez néanmoins pas trop sur eux car par la suite, ils vous permettront de meubler n’importe quelle conversation en soirée. Pour des exemples concrets, le site The Smoking Gun publie depuis des années les riders de groupes célèbres (et celui d’Iggy Pop vaut de l’or). 

Le groupe qui commande beaucoup mais ne boit rien : Vous ne le savez pas encore mais ce groupe là est votre nouveau groupe préféré, parce que tous les restes, c’est pour vous. A ne pas confondre avec le groupe qui commande beaucoup et essaie de tout boire : les mecs, je sais que vous jouez à 17h devant trois pelés et que vous êtes payés 400€, mais ce n’était pas la peine de faire un rider du montant d’un smic, vous serez bourrés avec beaucoup moins. 

Le type sympa mais pas trop : Commencer à lui parler équivaut à foncer dans un mur en sachant pertinemment que ce n’est pas le quai 9 ¾. S’il voit une ouverture, vous êtes foutu pour tout le reste du festival, ce qui est assez paradoxal puisque contrairement à vous, lui n’a rien à faire là. FUYEZ. 
L’artiste vraiment adorable : Cet être un peu surréaliste existe bel et bien. C’est celui qui vient se présenter quand il arrive, qui te sourit dès qu’il te demande quelque chose (ce qui chez certains, arrive toutes les quatre minutes) et qui vient discuter avec toi comme ça, parce qu’il se dit que t’as l’air bien conne toute seule dans régie de loges à faire semblant de recevoir des textos. Que vous aimiez sa musique ou pas, vous le mentionnerez dans toutes vos phrases les 72h suivant le festival. 

Le tour manager : Durant tout mon collège, j’ai voulu devenir tour manager. C’était avant de côtoyer l’envers des concerts et de me rendre compte qu’il y en avait deux sortes : les un peu cons et les très cons. N’essayez jamais de satisfaire pleinement un de ces mecs, la marque des serviettes ne sera jamais la bonne et il manquera toujours un coca. En fait la seule solution pour devenir amie avec un tour manager, c’est de lui bourrer la gueule. 

La petite copine du groupe : Tu veux des infos croustillantes ? Vas lui parler, le pauvre bouchon subit depuis un mois les soundchecks, les fans et surtout les autres membres du groupe, elle pleurera de joie de pouvoir parler d’autre chose que de l’acoustique de la salle. 

L’artiste en manque : Je ne veux pas généraliser, mais disons que si vous vous occupez d’un groupe de jeunes mecs qui sont en milieu ou en fin de tournée et que vous finissez seule c’est que soit 1) vous êtes en couple 2) vous êtes straight edge 3) vous avez vos règles 4) ils vous dégoutent. Sérieusement, quel que soit votre physique ou QI, ce sera toujours supérieur au standard d’un musicien en tournée. 

Le technicien : J’adore les techniciens. D’abord parce qu’ils ont toujours des anecdotes encore plus cools que les tiennes, ensuite parce que leurs tatouages valent souvent le détour, et enfin parce qu’ils commencent plus tôt que toi, finissent souvent beaucoup plus tard et que ça te permet donc de relativiser. Rendre un technicien heureux est aussi facile que se qualifier pour les 4 à la suite sur Question pour un champion online : l’écouter se plaindre, lui faire un café et un sourire niais. 

Une fois ces personnalités bien cernées, vous pouvez passer votre festival au pays des bisounours entouré de gens sympas et (parfois) passionnés avec qui vous pourrez débattre de questions existentielles telles que "comment réussir à abroger le port des tongs en société ?". 
Maintenant que j’ai suscité une réflexion intense, je me contenterai juste de vous donner un dernier conseil : purgez-vous en amont du festival. A moins d’être breton, votre foie ne tiendra pas. 

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Fanny fait 1m57, ce qui, bien qu’étant la même taille que Charles Manson, est toujours trop petit pour pouvoir attraper les maxis chocolatines au Leclerc. Intello, elle a dû attendre de ne plus porter de lunettes pour avoir une vie sociale, qu’elle partage maintenant entre les concerts en caves, les films chelous au cinéma, les plans foireux et la Jagermeister. Persuadée que le punk irlandais est la solution à tous nos problèmes, elle aimerait bien être féministe et végétarienne, mais elle aime trop s’épiler et le saucisson pour ça. Son plan était de faire sosie officiel de Will Smith dans le Prince de Bel Air, mais comme elle a raté maintenant elle veut bosser dans la culture.